VIRGINIE DESPENTE – VERNON SUBUTEX

Où comment Vernon trouve ce qu’il ne cherchait pas.

Jack Kerouac décrivait ses livres comme le cliché qu’il aurait pris d’une génération, la génération beatnik. Avec Vernon Subutex Virginie Despentes prend cette fois le cliché d’une époque.

Son appareil mitraille, relève le détail, portraitise… avec talent. Dans la génération du flou elle change l’angle de vue et fait des mises au point. Mises au point nécessaires à l’heure de la langue de bois et du politiquement correct.

On y trouve  les mots qu’on aurait voulu dire. On lit enfin les gens qu’on croise dans la vraie vie, on en rencontre d’autres et on ne décroche pas. On devient accro à eux comme eux sont accros à Subutex : un beau gosse, SDF,  gourou, ancien disquaire, amateur de drogue et Jésus Christ des temps modernes. Ce n’est pas lui qui le dit, ce sont les étiquettes qui parlent.

En lisant Vernon, j’en viens à apprécier un faf… C’est un militant d’extrême droite français. Eh oui, en plus avec Vernon j’apprends des nouveaux mots. J’apprécie aussi Marie Ange, et pourtant au début, Dieu sait qu’elle avait l’air conne. J’ai un peu de peine pour Emilie et j’essaie de comprendre Patrice et Aïcha… Bref, quand on referme ce livre, on aime moins le monde qui nous entoure mais plus les gens qui y vivent. Lire c’est aussi une tentative de compréhension.

Et c’est ce que j’ai particulièrement apprécié dans ce Despentes. J’ai aimé les autres, beaucoup, mais à la fin, j’ai toujours envie de m’ouvrir les veines avec un couteau rouillé et émoussé (faut pas déconner quand même). Là c’est différent. Toujours trash, toujours cynique mais à la fin on aurait presque envie de s’aimer les un les autres.

Edition Grasset

Il paraît qu’il y a toujours un avant et un après. Pour moi c’est le début de l’après de Virginie Despentes. Elle a grandi, et nous aussi.